feuilleton-les-aventures-de-la-singette

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Episode 9 : La nuit à Paris, presque tous les chats sont gris !

 

 

Résumé du précédent épisode :

Rencontre à Mondialnat, cet été entre la Singette et le Bartos chez lui. Une espèce de beatnik, qui déchantait l’éthique naturiste envahie et trahie par des hordes de textiles sur des considérations bassement commerciales. Ils ont causé et la Singette a vite eu la barque du ciboulot chargée à bloc et toc toc tchao !

 

 

J’en avais soupé des élucubrations du Bartos à la Antoine. A force de couper les cheveux en quatre à propos du naturisme, il avait fini par être tonsuré de frais, le cave ! Ses soucis existentiels de cul nu, je m’en battais l’astragale à jouer au football, en coupe du monde des champignons. Je gardais le profil bas malgré tout pour rester en contact avec lui, sur des bases d’échanges, afin qu’il me sollicite encore pour mes articles au Mague, qui il faut dire, occupaient une bonne part de ma liberté de lire et d’écrire.

Ces temps-ci d’ailleurs, j’avais varié les plaisirs, au point de proposer mes contributions du Mague à Agora Vox[i]. Pas le temps de sonner la récré, que sur certains thèmes sensibles tels et encore et toujours le naturisme. J’ai déclenché un véritable tsunami et des tonnes de haine en cascade dues aux frustrations des colistiers. Incapables qu’ils étaient d’être dans la capacité intellectuelle d’écrire un article lisible par eux-mêmes et d’argumenter une construction de l’esprit. Ils en bavaient accros du clavier et ennemis de la vraie vie. Je les aurais volontiers dirigés vers Divan le Terrible, pour remettre à niveau leurs cerveaux lents, qui devaient jouer des castagnettes entre deux neurones à phone. C’était dingue ce déchainement d’animosité larvée contre ma personne. Toute cette énergie perdue, au lieu de la diriger vers des collectifs de luttes et revendications qui ne manquaient pas durant la période de sa majesté Manu 1er. L’empereur sans peur et sans reproche qui s’asseyait sur les petites gens pour leur tirer toujours plus de flouze et les affamer.

 

A notre retour de Gouingouin et mézigue au bercail, on n’était pas tirés d’affaire. Lola nous fustigeait une gueule d’enfer, puisque reléguée durant les vacances en Gironde à la doudou numéro deux, voire encore pire, à la numéro trois. Elle s’était alliée avec Singeon et même Habyes le marcassin d’habitude assez taciturne. Ils étaient tellement remontés contre nous, au point de vouloir nous évacuer de la turne. Heureusement que la petite chieuse d’Elsa s’était reprise d’amour pour mézigue et Gouingouin durant notre séjour. Sinon je crois que mes aventures auraient fini dans une poubelle ou six pieds sous terre tous deux bouffés à l’acide.

Heureusement encore pour nous, ils n’avaient pas réussi à mettre la main sur ma cycloufette que j’avais planquée derrière la remise à côté du composteur. Je savais par expérience simiesque, que ma sœur Lola ne supportait pas l’odeur des déchets ménagers en putréfaction. Je savais aussi qu’elle avait fricoté comme prévu avec Mirza la chatte de gouttière désabonnée aux bons soins du planning familial, après avoir mis bas une portée de 4 chatons.

Rappelez-vous l’épisode 6 intitulé : « 5 litres de lait Ribot, c’est cher payé pour partir en vacances ! » Je m’explique. J’avais croisé Mirza lors de mes déambulations sur les toits. Cette tigresse aux yeux de miel électrisait tous les matous de gouttière. On avait joué plusieurs nuits de suite à chat perché pendant que ses mioches pionçaient. J’avais gagné à chaque fois, du fait de mes facultés physiques plus développées qu’elle. On avait fini par s’apprécier. C’est avec elle que j’avais passé un marché : tu permets à Lola de bichonner tes petiots durant mon absence en vacances pour étancher ses envies maternelles, en échange de 5 litres de lait Ribot. Il faut aussi vous dire que Mirza est Bretonne depuis près de 7 générations. D’abord installée au Montparnasse, elle avait été repoussée à la périphérie par les hordes de chats bobos. De fait, bien obligée, elle avait pris ses quartiers dans une chambranle abritée des intempéries au coin de ma rue. Je ne vous dis pas le Binns pour me procurer ces 5 litres de foutu lait Ribot. J’avais dû user de finesse de Singette pour parvenir à subtiliser dans différents supermarchés cette fameuse boisson qui faisait saliver Mirza, au point qu’elle en mouillait la pépète à la première gorgée. Ca me rappelle un bouquin à la Kong d’un auteur vide qui écrit autour de son nombril des récits indolore et incolore du style « La première gorgée de bière ». Une certaine et délicieuse Fellacia Dessert, par un pastiche à l’hémistiche intitulé : « La première gorgée de sperme » me ravit le corps et l’esprit.

Après la mise en bouche à la jeune garde suivante et savante : "Il y a celles et ceux qui l'avalent, et celles et ceux qui n'avalent pas. Ces dernières, et ces derniers, se contenteront d'apprécier la première gorgée d'une boisson faiblement alcoolisée, dont ils n'abuseront pas. Et se régaleront même à la simple évocation de cette première gorgée, prétendument meilleure que les suivantes parce qu'aussitôt passée. Car leur plaisir est de ne prendre plaisir qu'à ce qui leur reste en travers de la gorge, leur plaisir est tapi dans la gorge des éternels regrets."

Elle avait renvoyé dans les cordes le Delerm père. Comme lui, elle avait pris soin d’énoncer des banalités du quotidien en s’immisçant dans l’odeur intime des hommes, des sons ouatés et des fluides de l’amour, du câlin du dimanche matin et autres teneurs de la petite mort en goguette …

Autre variation très réussie sur ce thème de la « Douce crème »[ii] mise en scène et en musique par la bande à l’affreux hurluberlu de Ramon Pipin, à turluter le bastringue du Gainsbarre en déliquescence des sens.

 

Retour aux sources… A force d’intimité avec Mirza, on avait fini par se badigeonner la chatte (ça ne s’invente pas) avec du lait Ribot pour se lécher. Je me retenais de ne pas gerber, afin de la contenter de devenir la doudou numéro 1 et partir en vacances. Vous me connaissez, je ne parviens presque jamais à des compromissions, mais là j’avais tout essayé et n’avais plus le choix. Le premier ou la première qui me jacte à propos du lait Ribot, je lui éclate la trachée artère et je sers si fort le quiqui qu’il verra des étincelles ! Non mais sans dec !

 

Si vous croyez qu’à chaque vacances scolaires j’allais me payer le corolaire de mitonner le poil de la tigresse Mirza pour que Lola se tape la présence enchantée de ses chatons. C’était bien mal me connaitre. Pour prendre de l’avance, j’avais établi un plan. En automne du fait des intempéries et des baisses de température, les toits parigots sont plus glissants. Suivez mon regard où s’allument des flammes. J’entonnais Caramba. Si bien qu’à la une de Matou Gonzo, le quotidien des chats lecteurs, en première page on pouvait lire : Mirza a chuté du deuxième étage sans se rattraper sur ses pattes. Son enterrement aura lieu au cimetière Raminagrobis. Tenue sombre exigée. 

Lola pionçait des jours heureux entre les pognes poisseuses de morve d’Elsa. On aurait dit une féline en voyage de noce qui se farcissait le carmel de son Grouchat en comptant les mois, pour vérifier si l’engrossage de son sarcophage était à la page. Elle miaulait dans les aigus et se dandinait. Pathétique frangine ! J’avais mal pour elle et mes ancêtres les grands singes. Je la réveillais de sa petite mort, juste avant l’apothéose, par un verre d’eau dans la gueule. Ce qui la fit couiner tout son potentiel, au point que je dus lui mettre une sourdine pour ne pas ranimer la petite pisseuse endormie.

Retour à la réalité de plus dure sera la chute. Je lui fourrais sous le museau les gros titres du Matou Gonzo, avec en une la photo de Mirza écrasée comme un avion sans aile, pour être raccord avec une chanson légère. Elle tourna vite de l’œil. Je lui griffai le ventre pour la remettre d’aplomb et elle s’écria 

 

- Non, c’est impossible. Pas Mirza 

Je revins à l’assaut

- Et pourquoi pas Mirza ?

- Oh non pas elle… Elle a quatre petits, qu’est-ce qu’ils vont devenir ?

- Au choix ma poule : la DASS ou la Seine et je doute qu’elle sache nageret qu’ils apprécient la flotte. Même que la belle Hidalgo nous bourre le mou, comme quoi on pourrait s’y baigner en 2024. En attendant, elle a déjà pris d’avance pour son mandat des matières organiques : azote, phosphore et autres saloperies en suspension dans la tronche. Comme si ça ne lui suffisait pas de racoler à la hausse les bobos parigots pour la plomber un peu plus.

- T’es trop méchante la Singette. T’es plus ma sœur !

- M’en fiche, connasse. T’as pas arrêté de me tirer la tronche depuis mon retour de Mondialnat. Tu crèves de jalousie. Tu me lâches le clito ou sinon, il va encore arriver des malheurs.

- Ah, parce qu’en plus, tu veux dire, que ce serait toi derrière tout ça !

J’ai rien dit de la sorte. J’ai rien vu ni entendu. J’étais à la maison. Puis Mirza, je ne la connaissais à peine. J’expérimentais ses goûts culinaires pour certains aliments qui me répugnent. C’est toutOn fait la paix, frangine ?

Je me rendais compte que Lola n’étais pas dupe. Dans expérimenter il y a presque mentir contenu en dedans d’un simple changement de voyelle et j’avais l’impression de mentir comme un arracheur de dents.

- Je sais pas. Faut que j’en parle à Gouingouin. Lui, il est censé. Je suis encore trop retournée. Il saura me conseiller.

- Ah ah… C’est ça, il va te renifler le cul avec son bec et te prédire  

 

Je voulus vérifier, si la nuit tous les chats sont gris à Paris.  

 

J’en avais soupé de la famille et tout le tralala. Je sortis prendre l’air, dès fois que je rencontre une chatte de gouttière tigrée à la Mirza, qui faisait tâche dans le répertoire du regretté Nino Ferrer qui la préférait en chien. Si j’en crois son dernier biographe.[iii]

 

A suivre, le prochain épisode, à dans un mois ! 

 

  

 

 TOUS DROITS RESERVES FRANCK DIT BART

 

  

[i] Le naturisme urbain fait sa révolution à Paname ! (177 réactions ! et 5764 visites) : https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/le-naturisme-urbain-fait-sa-205992

[ii] « Douce crème » du groupe Odeurs sur scène : https://www.youtube.com/watch?v=v8aZBJcGvPQ

[iii] Nino Ferrer homme libre hors norme : http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article9565

 

 



05/11/2018
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