feuilleton-les-aventures-de-la-singette

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EPISODE 11 : Blob et le méchant renard : la ménagerie de Noël est au rencard !

Résumé du précédent épisode :

Après moult discussions, les manifs à Paname forment la jeunesse en famille. Tout le monde sur le pont à rallier les gilets jaunes sur les Champs avec des lacrymos en guise de bienvenue. J’en avais soupé de la couleur jaune et vla t’y pas que je découvre un être bizarre dans le jardin, couleur blé d’été !

Manu 1er avait cru bon, en offrant quelques miettes au  populo, casser le mouvement des gilets jaunes. En appliquant la formule magique : diviser pour mieux régner. Il l’avait dans le baba. A force d’entendre le couple de sociologues, les doux Charlot comme des pinçons, qui défrisaient par leurs analyses très fines et pertinentes la haute finance et les milieux des nantis, pour informer et donner à  penser pour agir en connaissance de cause. Cette classe qui s’apparentait à la noblesse et aux aristos n’avait qu’un but s’en fiche plein les poches sur le dos des vrais gens. Ceux qui travaillaient ou étaient au chomdu, qui ramaient pour survivre étaient disqualifiés et traités de fainéants par les seigneurs et maîtres tout puissant.

Sans compter les cognes payés avec augmentation substantielle pour fiche la terreur, à tel point que moult manifestant(e)s commençaient à avoir peur de se bouger dans la rue pour faire entendre leurs légitimes revendications. Pire encore, la jeunesse des bahuts, les citoyen(ne)s de demain avait été traité(e)s comme des raflés du Vel d’Hiv ou sous le régime de Pinochet, à genoux les mains sur la tête à entendre les quolibets hystériques des flics. Au point que parfois, le service d’ordre de la CGT était venu protéger la jeunesse en révolte et leur expliquer le fonctionnement d’une manif et celui des pandores pour échapper à la trique.

 

A la maison, on étudiait les images diffusées lors des manifestations et on s’accordait que la violence n’était pas toujours celles énoncés à travers les bris de vitrines, mais surtout celle des mains arrachées, des yeux crevés, des tabassages et gazages à tous les âges et tous les étages du corps, jusqu’aux images tronquées pour retourner l’opinion contre les manifestant(e)s.

Sur tous ces sujets, Clara virevoltait de vivacité avec des arguments visant à la révolution. Alors que Louis, enfermé dans sa léthargie, n’en menait pas large. Je m’amusais à compter les points.

Le jaune, j’en avais ma dose, mon overdose je devrais dire. Nous autres les doudous, on n’avait pas de syndicats pour nous défendre. On comptait pour du beurre rance. Tous justes bons à être jetés dans le tambour de la machine à laver pour qu’on nous tance les dégueulis et la morve des mômes. Qu’on ressorte au propre comme au figuré, récurés et près à l’emploi comme substitut affectif des darons en fête.

C’est au moment où je vidangeais ma vessie à arroser les plantes médicinales sans engrais de Louis, que mes doigts de pieds s’agrippèrent à une matière spongieuse couleur jaune pipi. Encore du jaune toujours jaune. Quelle période ! En plus quel contraste ! Il avait plu durant plusieurs semaines et la terre imbibée soufflait cri et rage à quémander quelques rayons au Phébus pour épancher la soif des nuages. J’avais la rage.

- Beark de beark, t’es qui toi qui squatte le jardin sans t’être présenté ?

- Je m’appelle Blob, je suis une cellule géante sans cerveau. J’étais déjà sur terre, avant que les espèces simiesques dans ton genre, veuille peupler ta planète que bien longtemps vous avez crû plate comme une Jane Birkin.

- Ah oui, t’es un reliquat des gilets jaunes sous forme d’une éponge et moi Je suis la reine des Singes et je te marche dessus. Avec mes doigts de pieds aussi agiles que mes mains, je te déchire en mille morceaux pour te faire taire définitivement.

Un rot bien appuyé vint achever son discours surfait. Mais Blob ne se décontenança pas pour autant.

- Ah ah ah. Il m’en faut plus pour me tuer, pauvre animal sans consistance. Chiche qu’on se donne rencard toutes les nuits et que j’aurai recouvré ma consistance où vous m’avez connu, d’ici quelques semaines sans me presser. J’ai tout mon temps, moi qui suis né il y un million d’années.

- Je te prends aux mots. Profite que je sois dans ma période de liesse. Je Suis même prête à t’apporter à bouffer. Arrête de me snober, on peut se dire tu et tope là mon potos.

- Vraiment trop aimable. Quelques flocons d’avoine j’en raffole, ce serait trop gentil de votre part. Sauf que je ne suis pas votre potos. J’ai en moi 720 types sexuels. Les détailler un a un me prendrait trop de temps. Bonne nuit et à demain.

Sur ces entrefaites vraiment étranges, la Singette salua Bob l’éponge, non Blob, c’était son blaze et se pinça le clito pour être certaine qu’elle n’avait pas rêvé.

- Ail !

Ca réveillonnait, ça carillonnait les coupes de champagne et hop tout le monde à la campagne… Sur des airs ringards, ça chaloupait grave de chez grave. Fallait que je passe muraille discrète et jouer mon rôle de Singette, doudou numéro deux. On ne savait pas ce que nous réserverait le futur proche. Qui sait si les poubelles du quartier allait nous ouvrir leur couvercle et refermer leur bec sur nous direction le grand feu de joie à l’usine d’incinération d’Ivry sur Seine. C’était la soirée de l’année que je haïssais le plus. Mon relatif confort au chaud pouvait être remis en question, suivant les cadeaux que recevrait la petite pisseuse. D’ailleurs plus tu étais recalé aux places deux et trois sur la liste des doudous, plus tu avais du sang d’encre à maugréer. Je me savais en sursis. Je me confiais à Gouingouin qui comme toujours avait l’optimisme au bec et essayait de me rassurer.

- Tu sais ma puce, si vraiment ça arrivait, toi et moi on se serrait les coudes pour tracer notre route coûte que coûte et survivre dans ce monde ingrat des humains. En plus moi le froid ne m’effraie pas, je te couvrirait de mes ailes.

- Arrête tes conneries tu ne sais pas voler. On verra bien demain ce qui nous attend à l’ouverture des cadeaux. Je te ferai dire qu’en tout cas on va bien en profiter. La pestouille et toute la famille sont invitées chez mamie Germaine. Heureusement sans nous. J’ai prévu une petite surprise pour les survivants au jeu de massacre de la société de consommation.

 

J’avais donné rencard à tous mes aminches animaux du quartier. Du chat de bourgeois au chat de gouttière. Ils m’avaient promis la trêve des confiseurs sur la lutte des classes. J’avais aussi invité, quelques rats sympas avec encore une fois la promesse que les chats se tiendraient sur leur 31. Il y avait aussi quelques pipious et écureuils et même des chiens qui monteraient la garde pour que tout se passe bien.

Pour amuser la galerie, j’avais subtilisé à Elsa le dessin animé « le grand méchant renard et autres contes ». J’allais le visionner en bonne compagnie sur l’ordi de Clara. Ca promettait un moment convivial autour de personnages assez loufoques à la ferme. Un renard qui veut imiter le loup. Il veut faire peur et se retrouve à remplacer maman poule avec trois poussins Tombés dans le panneau à leur naissance sur la résultante de Konrad Lorenz : la première personne qui te chute sous le nez quand tu nais c’est ta maman ! Nique ta mère du con ! Désopilent ! Il y avait aussi un lapin qui remplaçait une cigogne pour livrer un bébé, un loup à la voix grave d’un Chirac, un canard qui se met en tête de remplacer le père noël, un cochon très rationnel, un chien très cool, une mère poule qui crée une association anti renard et j’en passe des meilleurs sur une musique jazzy vivante et charmante.

On s’était quittés bons ami(e)s en se jurant de remettre ce bon moment dès que possible et fêter le retour du printemps. Ah ce con de Gouingoin, pour être certain qu’on le remarque il avait revêtu le gilet jaune de Louis. Succès garanti, il avait eu droit au chambard général.

 

Ma rencontre avec Blob l’éponge ou son substitut karmique m’obsédait l’esprit. Oh l’autre comment il m’avait chambrée s’appuyant sur son grand âge ! J’allais effectuer des recherches pour le cerner et cadrer l’engin. En attendant, j’avais rêvé de lui. Je n’étais pas d’humeur à chanter cette chanson à la Kong.

« Et v'lan ! Pass'-moi l'éponge[1] Et v'lan ! Fais-moi gligli Et v'lan ! Pass'-moi l'éponge Et v'lan ! Gouzi Gouzi”

Putain, les nazes, ils s’étaient mis à trois pour écrire les paroles, alors que Fernand Raynaud l’interpréta tout seul comme un grand.

 

 

 

Copyright Franck dit Bart, tous droits réservés

 

 

 

[1] Et v'lan ! Pass'-moi l'éponge : Jacques Martin, Gustave Raynaud Fernand Andre  / Jean Baitzouroff   

 

 

 



20/01/2019
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